HORATIO

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01/09/2013

Le fratricide puni de Cuneo

Le fratricide puni traduit par Anne Cuneo

A la fin de son livre, « Rencontres avec Hamlet », Anne Cuneo propose une traduction inédite : « Le fratricide puni ou le Prince Hamlet de Danemark joué en Allemagne vers 1603 par des acteurs anglais ».

Cette version allemande traduite par Anne Cuneo a été publiée pour la première fois en 1710. Le texte est écrit dans un étrange allemand très teinté d’anglais, précise Anne Cuneo dans ses remarques liminaires (Rencontres avec Hamlet, Bernard Campiche éditeur, 2005, p360). Il serait la traduction d’un texte qui remonte à la fin du 16ème siècle, soit le Ur-Hamlet que va s’approprier Shakespeare, soit la pièce de Thomas Kyd, soit une première version donnée par Shakespeare, alors jeune talent.

La pièce a été recueillie en 1864, pour le tricentenaire de la naissance de Shakespeare, par Albert Cohn, dans un ouvrage intitulé « Shakespeare in germany » qui reprend une description des tournées de ses pièces de son vivant à travers l’Allemagne.

Le prologue :

La traduction de cette version proposée par Anne Cuneo est curieuse parce qu’elle comprend un prologue qui change complètement le sens et l’interprétation que l’on donne habituellement à la présence du spectre et aux évènements qui en découlent. Prologue qui n’est pas présent dans la version traduite par George Roth et publiée dans la revue théâtrale N°3 de 1946.

Dans ce prologue, la Nuit, femme de Morphée, à l’heure du vice et du péché, détient le pouvoir d’agir avec méchanceté et de désorienter l’humanité. Elle décide de s’amuser, avant que Phoebus ne revienne briller. Elle fait appel aux Furies, les filles de sa luxure.

Thisiphone, Maegera, Alecto, écoutent alors noire Hécate, leur reine de la nuit, qui leur promet cette nuit et le jour suivant, qu’elle déploiera son manteau sur le roi de ce pays, afin que lui et sa femme ne voient pas leur péché – par amour pour elle, le roi a assassiné son frère, épousé sa belle-sœur et a pris possession de la couronne. Les trois sorcières seront chargées de semer la discorde dans cette union, la jalousie dans leurs cœurs ; elles devront ranimer la flamme de la vengeance et piéger l’entourage royal.

La présence de ces trois sorcières, rappelle étrangement les furies qui vont se jouer de Macbeth dans la pièce éponyme de 1607.

Les armes du duel :

Avant d’entamer un résumé de la traduction d’Anne Cuneo il me paraît important d’observer que dans ce texte, il est bien question de duel au fleuret démoucheté, or il ressort de mes conversations avec des spécialistes de l’escrime que le fleuret est apparu vers 1650…

Il est pour le moins étonnant également que les deux bandits chargés d’éliminer Hamlet durant son voyage en Angleterre, s’entretuent avec des armes à feu…

Comme dirait Boris Vian, dans sa Java des bombes A, « y’a quelque chose qui cloche là-d’ans, j’y retourne immédiatement. »