HORATIO

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Analyse Acte 4




L’acte 4 est celui dela déchéance des Polonides

A la scène 1, le roi et la reine se retrouvent dans la salle d’état du château. Ils n’ont pas encore échangés sur ce qui vient de se passer dans la chambre de la reine. Le roi est resté sur l’offense de la pièce jouée par les tragédiens de la cité. Il est en colère est demande des comptes à la mère de Hamlet : « il y a à ses soupirs, à ses profonds sanglots, un sens qu’il faut nous traduire, il est bon que nous les comprenions. » Le roi est en colère après Gertrude. Elle le sait et n’a pas envie d’une esclandre devant Guildenstern et Rosencrantz. Elle leur demande de sortir. Pourraient-ils témoigner de ce qui s’est passé dans la chambre ?

Toujours est-il que Gertrude ment au roi. Au lieu de lui dire ce qui a poussé Hamlet à tuer Polonius (les faits), elle lui dit qu’il a « tué sans le voir le bon vieillard ». Alors que la réalité est toute autre, croyant que Hamlet est prêt de la tuer, Gertrude appelle au secours ce qui pousse Polonius à trahir sa présence, en appelant lui-même au secours. Pas de méprise possible, mais ça arrange tout le monde d’y croire. Et le roi de dire : « Ôh ! accablante action ! Nous aurions eu le même sort si nous avions été là. » Elle ne lui dit pas non plus que Hamlet a vu le fantôme de son père, qu’il l’a accusée de l’avoir assassiné…

Le roi rassure la reine en lui disant que Hamlet va partir pour l’Angleterre au plus vite et qu’il se charge de « couvrir » son geste et de l’excuser auprès du conseil des sages avant que la rumeur ne se propage dans tout le Danemark. A ces mots, Rosencrantz et Guildebstern qui ne sont pas très loin, surgissent aux ordres.

La scène 2 est très brève. Hamlet se débarrasse du corps de Polonius, « remisé en lieu sûr ». Mais cette scène dit des choses essentielles. Hamlet est rattrapé par Rosencrantz et Guildenstern. Il ne respect plus rien depuis qu’il sait leur secret (l’exil et les contenu des lettres scellées). Il les insultes en les faisant passer pour des éponges au service d’une chose, « le roi n’est pas avec le corps ».

Dans la scène 3, c’est un autre jeu de cache-cache qui se joue avec la recherche du corps de Polonius. Hamlet désacralise la fonction de roi dans l’état, et Claudius le lui rend bien : « comme il est dangereux de laisser cet homme en liberté ! » Ce n’est plus son fils, le prince héritier, c’est un autre, c’est un homme, un étranger ; c’est un fou.

Il faut le piége d’une dernière dérision où Hamlet montre « comment un roi peut se déplacer à travers les tripes d’un gueux » pour que Claudius en vienne à nous montrer ce qu’il a dans les tripes et en vienne à lui révéler la décision qui a été prise dès la scène de la Galerie pour l’envoyer en Angleterre. Mais Hamlet n’est pas dupe, il lui dit au revoir chère mère, « Père et mère sont mari et femme, mari et femme, sont une seule chair, donc ma mère. En route pour l’Angleterre ».

La scène 4 est là pour nous montrer d’une part, les conséquences des tractations entre Claudius, roi de Danemark et Fortinbras, neveu du vieux Norvège et, d’autre part, les rétractations de Hamlet devant les impératifs de vengeance. « Oh ! que dès cet instant, mais pensées soient de sang, ou ne soient que Néant ! » Quelles sont ses pensées ? Ce serait trop facile que Claudius soit seul à payer. Le début de la scène suivante est là pour nous le rappeler.

Scène 5 : La reine ne veut plus voir Ophélie. Elle n’est plus rien pour elle. Elle agit comme si la page était tournée avec le départ de son fils pour l’Angleterre. Horatio va prendre alors une toute autre place pour la suite des évènements. Il prend une place de conseiller : « Il serait bon qu’on lui parle, car elle pourrait répandre de dangereuses conjectures dans les esprits malveillants ? » Et il fait entrer Ophélie. C’est plus cette entrée en scène de Horatio, que la vision d’une Ophélie délirante qui fait dire à Gertrude, « la moindre chose paraît le prologue d’une calamité. »

C’est après le constat d’impuissance devant ce chantage et ce pouvoir que vient de s’octroyer Horatio, que la reine se dispose à écouter et demande : « eh bien, Ophélie (…) que signifie cette chanson ? »

Avec l’arrivée du roi, le déni de l’état d’Ophélie – de sa déchéance – est à son comble : « comment allez-vous gentille dame ? » lui dit-il. On aurait envie de répondre à sa place : bien ça va merci et vous même j’ai perdu un père il a été assassiné par votre fils qui a joué avec mes sentiments et qui a fait croire qu’il m’avait déflorée en dehors du mariage au début d’une pièce de théâtre mais à part ça « mon frère le saura ». Et elle s’en va.

Le roi demande alors à Horatio de la surveiller. Malheureusement les didascalies ne sont pas claires voire inexistantes ; il n’est pas précisé à qui il demande cela, et il n’est pas précisé que Horatio suit Ophélie. Au début de la pièce, il y a également un gentilhomme présent dont on ne sait quand il sort. Mais admettons que le roi demande cela à Horatio. Nous pouvons en déduire qu’il aura la mort d’Ophélie sur la conscience.

Quand Ophélie revient dans cette salle. Elle est seule. Elle est censée trouver un frère, revenu secrètement de France, à la tête d’un soulèvement ayant pour objectif de renverser le roi Claudius. En fait elle tombe sur son frère en train de se faire embobiner. Qui plus est, dès qu’il la voit, il ne doute pas une seconde de son état démentiel. A cet instant, il ne faut pas que Laërte se trompe d’ennemi. C’est Gertrude qui désigne le responsable de la mort de son père.

Ophélie et Gertrude sortent pour laisser Claudius et Laërte comploter. Mais où est Horatio, censé protéger Ophélie ?

Si la scène 6, ne précise pas où est Horatio (chez lui ou au château), elle nous dit avec qui il n’est pas. Un gentilhomme introduit des marins porteurs d’une lettre à son intention. Cette lettre lui demande de conduire les marins jusqu’au roi. Ils ont des lettres pour le roi et la reine. Hamlet a certainement négocié sa liberté à prix d’or avec les pirates à l’origine de son évasion : « ils m’ont traité en bandits charitables ; mais ils savaient ce qu’ils faisaient : je dois leur rendre la pareille. »

« Rosencrantz et Guildenstern continuent leur route vers l’Angleterre », précise Hamlet dans sa lettre. Pourquoi ? Ils ont échoué dans leur mission. Horatio devrait se poser des questions avant de se précipiter auprès du roi.

Dans la scène 7, on retrouve le roi auprès de Laërte. Il vient de le persuader sans mal que sa personne était visée plutôt que celle de Polonius. Laërte s’étonne que justice n’ait été faite. Le roi trouve deux prétextes mensongers :
- « La reine sa mère vit presque par ses regards » et moi, Claudius « je ne peux vivre que par elle ».
- L’autre raison, c’est « le grand amour que lui porte le peuple », et qui « transforme ses travers en grâce ».

Arrive un messager, porteurs des lettres pour le roi et la reine. Deux lettres bien distinctes, dont l’une, celle pour la reine, restera un mystère. La lettre pour le roi est brève : « j’ai été déposé nu dans votre royaume. » et Post Scriptum : seul. Le roi s’inquiète pour Rosencrantz et Guildenstern : « tous les autres sont-ils de retour ? »

On est en droit de se demander pourquoi le roi ne révèle pas à Laërte le plan qu’il avait élaboré pour l’Angleterre. Puisqu’il va mettre au point un plan autrement plus machiavélique pour que Laërte soit son bras armé. Et pour que ce plan soit une réussite, il faut que Laërte soit vraiment un imbécile.

Laërte a quitté le Danemark pour la France en sachant les rumeurs qui couraient sur l’accession au trône de Claudius, « le fieffé coquin ». Il a vu Hamlet dans un état de mélancolie avancé et il a vu le peu de cas qu’en faisait sa mère. C’est sûrement pour toutes ces raisons qu’il a préféré s’éloigner du royaume. Il reçoit une missive de son père des mains de Raynaldo qui l’avertit probablement des difficultés que traverse le Danemark. Dans cette missive, il est probable que Polonius lui demande de rentrer soit pour l’aider à gérer cette affaire soit parce qu’il y a une place à prendre.

D’un côté, on a Laërte qui arrive au château porté par le peuple qui l’acclame roi. Il n’a qu’à tirer son épée pour envoyer ce roi de pacotille responsable de la mort de son père et de la folie de sa sœur. Au lieu de cela, il se laisse conter fleurette.

De l’autre côté, on a un Claudius démasqué qui tient ce discours : « S’il est vrai qu’il est de retour, se dérobant au voyage, et qu’il ne veut plus le reprendre, je l’inciterai à un exploit, maintenant mur dans ma pensée, dans lequel il ne peut manquer de périr : et sa mort n’inspirera aucun souffle de blâme, même sa mère en absoudra la ruse et l’appellera accident. » Claudius dit : même sa mère nous pardonnera.

Sauf que Claudius a deux problèmes sur les bras :
- Il doit se débarrasser de Hamlet. Sa mère ne dira pas non, et Laërte ne demande qu’à vivre « pour lui dire en face : « c’est toi le coupable »… tout désigné.
- Mais il doit se débarrasser de Laërte qui est dangereusement entreprenant.

Claudius commence alors à lui exposer son plan. Il commence par le flatter et vanter ses mérites d’escrimeur qui ont étaient loués par un certain Lamord, un Normand ; ce qui n’a pas manqué d’alimenter ce que Claudius appelle la jalousie de Hamlet, mais qui n’était peut-être que du cynisme. Mais Laërte n’est pas tout à fait dupe ; il connaît bien Hamlet.

Voyant que son discours ne prend pas, pour convaincre Laërte, Claudius lui demande ce qu’il est prête à faire pour venger son père : « Mais crevons l’abcès : Hamlet revient. Qu’êtes-vous résolu à entreprendre ». Lui trancher la gorge en pleine église ? Parfait ! Vous ferez ceci :

Et il lui expose son plan :
- premièrement vanter ses mérites et la renommée que lui a faite le Français ;
- deuxièmement faire en sorte qu’ils se battent en duel, Laërte avec une épée démouchetée afin que par une passe perfide il lui fasse payer la mort de son père.

Laërte surenchérit en proposant d’enduire la pointe de son épée d’un poison mortel, comme ça rien qu’une égratignure, ce sera la mort. Laërte n’est peut-être pas très sûr de lui face à Hamlet. Il pense pouvoir le blesser mais le tuer, c’est une autre affaire.

Le piège pour Laërte est en place. Claudius continue de réfléchir : « Et si notre intention devait transparaître dans une faille de notre jeu. Mieux vaudrait alors ne rien tenter. » Le moyen de l’assassinat de Hamlet sera la coupe empoisonnée.

L’aveuglement de Laërte sera à son comble avec l’entrée en scène de Gertrude. Elle vient pour annoncer la mort accidentelle d’Ophélie. « Là, aux rameaux inclinés, se haussant pour suspendre sa couronne de fleurs, une branche envieuse cassa ». Il faudra que Laërte soit sacrément perturbé et aveuglé par la haine envers le couple royal pour qu’il accepte les funérailles tronqués pour soupçon de suicide de sa propre sœur, alors qu’il vient d’assister au descriptif de sa mort accidentelle : « Et ses trophées herbeux comme elle sont tombés dans le ruisseau en pleurs. Ses vêtements s’ouvrirent, et telle une sirène, un temps, ils l’ont portée ; cependant qu’elle chantait des bribes de vieux airs, insensible à sa propre détresse, (…) mais bientôt ses habits lourds de ce qu’ils avaient bus, (…) tirèrent l’infortunée (…) vers une mort boueuse. »

Laërte n’en peut plus. Il sort. Claudius comprend qu’il ne faut pas le lâcher maintenant sinon son plan risque d’avorter. « Suivons-le, Gertrude. Comme j’ai eu à faire pour calmer sa rage ! » Il faudra toute leur habileté pour convaincre l’opinion qu’il s’agit d’un suicide et leur intervention pour qu’Ophélie soit malgré tout inhumée en terre chrétienne. Ce qui leur permettra de continuer à manipuler Laërte.

Écrit par horatio in love Lien permanent | Commentaires (0)

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