HORATIO

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Le suicide d'Hamlet

Avertissement:
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J'ai posté cette note dans la perspective de proposer une analyse du duel final et en conclure que Hamlet se suicide. Mais je n'ai pas encore les réponses que je cherche par rapport:
- aux armes utilisées
- aux codes usuels en vigueur à cette époque (nombre de touches dans un duel)
- aux fleurets démouchetés (un adversaire s'en apercevrait-il?)

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Ce que l’on retient habituellement de la pièce de Shakespeare, c’est que son héros décide de feindre la folie pour confondre le roi Claudius, son oncle. Le spectre du père d’Hamlet vient en effet lui révéler que Claudius l’a assassiné pour lui dérober sa couronne et Gertrude sa femme. Et la critique nous oriente vers un débordement de cette folie qui conduit à la scène macabre finale.

La folie décrite a pour origine essentielle le complexe d’Œdipe. L’élément déclencheur de sa mélancolie est un deuil inachevé et l’inceste de sa mère qui, deux mois après le décès de Claudius, son premier mari, épouse son beau-frère. Le danger de sa mélancolie, c’est les idées morbides et le suicide qui fait l’objet de son célèbre monologue : « Etre ou ne pas être… »

Le désir d’Hamlet est, soi-disant, de venger son père – une injonction du spectre. L’inhibition d’Hamlet porte le nom de « procrastination » : Hamlet retarde toujours l’action de tuer Claudius. La critique traduira, « c’est l’histoire tragique d’un homme qui ne savait pas se décider ». Comment et pourquoi en est-on arriver à cette conclusion : Hamlet n’agit pas, quand de nombreux indices permettent d’affirmer le contraire ? Peut-être à cause de la conclusion : Car c’est l’histoire tragique d’un homme qui ne savait pas se décider, et qui décida finalement de mourir et de les entraîner tous avec lui dans sa chute.

Mon propos ne sera pas ici de faire un diagnostique de psychiatre (ce que je ne suis pas) pour me prononcer sur la folie ou non d’Hamlet – une entreprise probablement illusoire. Mon propos sera d’attirer l’attention sur le suicide d’Hamlet. La mort d’Hamlet n’est pas reconnue comme tel. Pourtant de nombreux éléments permettent d’arriver à cette conclusion, notamment l’analyse du duel final aux épées.

Si Hamlet n’est pas fou, il fait en tout cas référence au mythe d’Œdipe – non pas le complexe freudien mais à l’histoire d’Œdipe sur laquelle il nous faudra revenir pour comprendre ce qu’il y a de comparable dans les deux tragédies.
Si Hamlet n’est pas fou, il y a de nombreux éléments dans la pièce qui montrent la place qui lui est réservée. Cette aliénation, passe par une disqualification, une assignation à une place de niais, et va jusqu’à l’élimination physique (l’exile pour l’Angleterre).

Les signes avant-coureur d’un duel suicidaire :

Pour commencer, nous partirons de la scène du cimetière (acte 5 scène 1). Hamlet revient d’Angleterre. Il a fait échouer le traquenard de Claudius en substituant les lettres cachetées qui le condamnaient à mort. Sur le chemin du retour, qui doit le conduire au château d’Elseneur, avec Horatio, ils passent près du cimetière. Hamlet se demande qui l’on s’apprête à enterrer. Horatio le sait. Il ne dit rien ; lui, à qui la reine avait confié la mission de veiller sur la défunte.

Il y a là, le roi et la reine qui ont signé son arrêt de mort. Il y a là Laërte, son soi-disant « ami » qu’il a fait orphelin. Hamlet pourrait hurler de douleur en apprenant la mort de celle qu’il aime soi-disant et tuer sur le champ l’imposteur qui a ordonner sa mort. Mais Hamlet préfère se jeter dans le trou pour se colleter avec Laërte.

Tout ceci est bien étrange. Qu’est-ce qui pousse Hamlet à agir ainsi plutôt qu’à tout révéler ? C’est ce qu’il nous faut découvrir. On les sépare finalement. Claudius fait celui qui n’est pas content du tout et demande à Gertrude de surveiller son fils qui fait n’importe quoi. Elle confie cette mission à Horatio justement – sait-on jamais s’il venait à faillir une seconde fois.

On les retrouve à la scène suivant (acte 5 scène 2). Hamlet expose à Horatio les conditions de son évasion et son intention d’armer son bras vengeur. Horatio ne trouve rien de mieux à lui dire que Claudius apprendra bien vite le destin réservé à Rosencrantz et Guildenstern – comme si Hamlet devait toujours craindre encore et encore le terrible roi Claudius. Par le propos on peut se rendre compte qu’Horatio a déjà pris la place de Polonius…

Hamlet rétorque à Horatio que l’intervalle est à lui. Il doit bien avoir conscience de la relative neutralité de cet « ami » qu’il a choisi pour témoin dans cette affaire. Hamlet a toujours une longueur d’avance . N’a-t-il pas fait porter des lettres au roi et à la reine pour prévenir de son retour (acte 4 scène 7) ?

L’intervalle est à Hamlet, mais pour quoi faire ? C’est ce qu’il nous faut découvrir et surtout ne pas nous fier aux apparences. Dans cet intervalle intervient Osric, un courtisan, qui vient annoncer à Hamlet le duel avec Laërte. Hamlet se doute bien qu’il y a anguille sous roche et que la vie de Polonius ne vaut pas quelques épées françaises. Horatio le sait également lui qui connaît maintenant le contenu des ordonnances du roi. Il pourrait mettre les pieds dans le plat et enrayer la machine ; il préfère suggérer que c’est du suicide.

Et le spectateur qui pense qu’Osric est une bourrique sous prétexte que Hamlet le fait passer pour tel ferait bien de se méfier de se personnage qui aura la charge de distribuer les épées et d’arbitrer le duel. Je pencherais plutôt pour une personne digne de foi, pour celui qui l’a de son côté.
Lorsque la reine tombe, Hamlet crie à la trahison et ordonne que l’on ferme les portes. Osric est le seul à s’échapper. Pourquoi ? Pour revenir finalement avec le jeune Fortinbras, revenu soi-disant victorieux de Pologne.

Le duel aux épées :

La reine est tombée. C’est ici que se ferment les portes. Comment en est-on arrivé là ? Grâce à la fascination du spectacle ! Tous ont voulu voir se réaliser ce désir inconscient : La mise à mort de la reine!

Revenons sur le plan machiavélique élaboré par Shakespeare… euh Claudius !

- Claudius propose à Laërte d’empoisonner la coupe de vin destinée à Hamlet. Pour l’obliger à boire on va porter le nombre d'assauts à douze au lieu de neuf – premier indice susceptible de mettre la puce à l’oreille d’Hamlet.
- Pour parfaire le plan, Laërte propose de démoucheter son épée et d’empoisonner la lame – deuxième indice imparable : un escrimeur digne de ce nom s’en apercevrait ; même le public le verrait de sa place.
- Troisième indice : une maladresse de Laërte qui fait mine d’avoir une épée trop lourde et change pour l’arme mortelle – attirant par là-même l’attention d’Hamlet et du spectateur.

fleuret moucheté.gif



Un spectateur qui est loin d’être neutre. N’importe qui peut arrêter un duel dont les enjeux ne sont pas la mise à mort mais des chevaux et des épées françaises. Et pourquoi un spectateur, voyant l’épée démouchetée, ne bougerait pas le petit doigt ? Parce que la mère d’Hamlet ne bouge pas elle-même ! Elle préfère boire à sa santé… Qu’elle boive la coupe jusqu’à la lie !

Et pourquoi personne ne bouge, sinon parce qu’Hamlet est considéré comme un simple d’esprit, celui qu’on a exilé en Angleterre parce qu’il avait perdu la raison. C’est ce qu’il va falloir démontrer maintenant. Et que reste-t-il a Hamlet comme solution pour s’opposer aux puissants du royaume ? Les emmener avec lui dans sa folie… suicidaire !


Écrit par horatio in love Lien permanent | Commentaires (0)

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