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01/02/2013

Guichet du savoir 05/2012 au 01/2013


(toutes ces questions/réponses sont consultables sur le site du guichet du savoir de la B M de Lyon)

Question au guichetdusavoir le 14 mai 2012 sur les épées du duel final

Bonjour,

Je cherche à répondre à cette question:
Pourquoi Hamlet ne s'aperçoit-il pas que l'épée de son adversaire, Laërte est démouchetée?

Pour ça, il me faut répondre à cette autre question:
Quel type d'épées sont en jeu? Pourquoi Shakespeare parle-t-il de "Fleurets", alors qu'ils sont apparus ultérieurement? Etaient-elles réellement "mouchetées"?

Je connais Dover Wilson. Il traite très mal de la question notamment le décompte des points, la réponse exacte étant le film de Kenneth Branagh qui colle au texte anglais (pour cette partie-là en tout cas).

Du coup, les enjeux sont grotesques, et cela oblige à envisager ce duel d'escrime d'un point de vue "historique et théâtral". Ce que je cherche à faire sur mon blog dédié à Hamlet http://horatio.hautetfort.com

Mais je n'arrive pas à répondre à cette question, l'épée était-elle démouchetée?

Merci de votre attention
Sylvain Couprie

Réponse du GDS le 16 mai 2012

Bonjour,

Selon le Grand Robert de la Langue Française, le mot « fleuret » serait apparu en 1580, ainsi appelé à cause du bouton du fleuret comparé à celui d’une fleur. On en trouve une trace dans les Confessions de ROUSSEAU, par exemple. Rien d’étonnant donc, a priori, car nous ne sommes pas des spécialistes de l’estocade, qu’on le retrouve chez SHAKESPEARE.

La traduction de l’anglais « foil », est bien « fleuret ».

Quant à votre interrogation sur le fait de savoir si le fleuret était ou pas moucheté, reportons-nous à la tirade de LAERTE de l’acte V, scène II, vers 316, 317 : « L’arme de la trahison est dans ta main, Démouchetée et envenimée. »

Ces quelques vérifications effectuées, une immersion dans l’univers d’Hamlet laisse vite comprendre que l’on ne fait pas d’Hamlet sans casser d’œufs, pour paraphraser LACAN que vous citez vous-même dans votre blog, entre autres célèbres CHEREAU, STRATZ, BAYARD, ou bien encore, RANK.

Vous semblez donc bien documenté sur le sujet

Pour vous accompagner dans votre recherche, votre réflexion, nous vous proposons ces travaux sur Hamlet, assez récents.

* Hamlet et Hamlet : une interprétation psychanalytique de la représentation, André GRREN
* Hamlet, Pavel FLORENSKI
* Hamlet, l’ombre et la mémoire, Frédérique TOUDOIRE-SURLAPIERRE

ainsi que le site :

* Société française shakespeare

Bonne continuation.

Question au guichetdusavoir le 21 mai 2012 sur les didascalies dans Hamlet

Bonjour,

Je vous remercie de votre réponse sur les épées du duel dans Hamlet et je reviens vers vous pour vous poser une nouvelle question d'importance.

Dans la scène de la galerie (acte 3 scène 1), le roi demande à la reine de sortir et de le laisser seul avec Polonius, afin qu'ils puissent, en espion légitimes, observer la conversation entre Hamlet et Ophélie. Dans la traduction de François-Victor Hugo, il est précisé que la reine sort. Dans la traduction de Jean-Michel Déprats (Gallimard, 2002), il n'est pas précisé qu'elle sort.

Habituellement c'est interprété de telle manière qu'elle sort. Mais si elle espionne elle-même, ça explique qu'elle soit au courant de l'exil pour l'Angleterre après la souricière, voire qu'elle soit partie prenante.

Je continue mes recherches dont les tenants et les aboutissants échouent sur mon blog http://horatio.hautetfort.com

Cordialement à vous
Sylvain

Réponse du GDS le 24 mai 2012

Réponse du Département Langues et Littératures de la BM de Lyon

Bonjour,

Si l’on se réfère aux didascalies de SHAKESPEARE dans le texte, il est bien précisé dans la scène 1 de l’acte 3 que la reine sort : « Exit Gertrude » Hamlet, William SHAKESPEARE

Jean-Michel DEPRATS, spécialiste de SHAKESPEARE, dont il a dirigé la traduction française à la bibliothèque de la Pléiade, pourra seul vous répondre quant au choix qu’il a fait de ne pas faire sortir la reine.

Cordialement

Suite à la réponse du GDS le 14 juin 2012

Bonjour,

Depuis votre réponse à ma question: a quelle traduction de Hamlet se fier? j'ai eu l'occasion de consulter en ligne les premiers in quarto parus à l'époque de Shakespeare (1603 à 1637) en suivant ce lien:

http://special-1.bl.uk/treasures/SiqDis ... 6&RHPage=1

Seul le premier In-quarto de 1603 précise dans la scène de la galerie que la reine sort.

Je continue mes analyse de cette pièce de Shakespeare sur http://horatio.hautetfort.com

Une surprise attend mes lecteurs: les interviews de Horatio et du Roi Lion, car comme chacun sait, ce film d'animation s'inspire du Hamlet de Shakespeare.

A bientôt pour de nouvelles aventures
Sylvain

Question au guichetdusavoir le 23 janvier 2013 sur les sépultures au 17ème siècle

Bonjour,

Je m'intéresse au Hamlet de Shakespeare depuis plus d'un an maintenant, et je me pose une nouvelle question avec l'avancée de mon travail consultable sur http://horatio.hautetfort.com

Dans la scène du cimetière, scène 1 de l'acte 5, les deux rustres qui creusent la tombe d'Ophélie tombent sur des crânes et notamment sur celui de Yorick, le bouffon du roi - enfin ce qu'il en reste.

Ma question est la suivante: Est-ce normal qu'ils tombent sur des ossements? Est-ce qu'au début 17ème en Angleterre les cimetières sont ainsi faits qu'ils creusent un peu n'importe où? Ou bien est-ce qu'il creusent dans la fosse commune (Ophélie est censée s'être suicidée)? Est-ce qu'un personnage de Haut rang dans le royaume du Danemark aurait eu droit à une Stèle (elle est la fille du grand Chambellan, Polonius tué par Hamlet)?

En espérant que vous pourrez m'apporter du grain à moudre.

Amicalement
Sylvain

Réponse du GDS le 26 janvier 2013

Bonjour

Reportons-nous au début de l’acte V, scène première, de Hamlet, pour avoir des éléments de réponse à vos questions :

« Entrent deux rustres

Le rustre
Doit-elle être enterrée en terre chrétienne, alors qu’elle a volontairement recherché son salut ?

L’autre
Je te dis que oui ; donc creuse tout de suite sa tombe. Le coroner a mené l’enquête, et a décidé l’enterrement en terre chrétienne.

Le rustre
Comment est-ce possible, à moins qu’elle se soit noyée elle-même par légitime défense ?

L’autre
Ma foi, c’est ce qu’il a décidé » (…)

L’autre
Voulez-vous que je vous dise ? Si ça n’avait pas été une demoiselle de la noblesse, elle n’aurait pas été enterrée en terre chrétienne »

Il ressort donc de cette simple lecture qu’Ophélie est enterrée en terre chrétienne et dans une tombe, ce qui ne correspond pas à la définition de fosse commune et d’autre part que ce privilège (malgré son « péché ») est du à sa position dans la société.

Ce site (en anglais) vous apportera plus de précisions, en particulier le passage suivant :

The scene opens with a dialogue between two grave-diggers, who with spades enter a church-yard to make a grave for Ophelia. The conversation of these clowns, the one a sexton, and the other, a common laborer, is replete with a strange wit that never fails to awaken delight and merriment. Incidentally it reveals the Poet's diversified genius, which enables him to impersonate so naturally even rude and ignorant characters in their peculiar habits and modes of reasoning. The first clown, laughing in untaught wisdom at the learning of philosophers, flashes his ready wit at almost every stroke of the spade; but, beneath it all is discernible a deep and solemn wealth of meaning. Though old, he is yet vigorous and bold of thought, and, in universal sweep of judgment, formulates principles which may or may not justify self-murder. In boastful words he prides himself upon his own avocation and the exalted dignity of his office. The works of other men, whether of stone or iron are all sure to crumble under the ravaging hand of time ; but the lowly edifices which he constructs shall, in defiance of the storms of ages, remain intact till the day of general doom. His sane philosophy enables him to perceive the difference between substance and accident, between real and artificial distinctions of social life; for daily he sees exposed before his eyes the fact that all have from Adam the same common patent of nobility.

The dialogue begins with a discussion concerning the justice of according Ophelia Christian burial. Supposing that she had wilfully sought her own fate, or doom, the sexton appeals to the canon of the Church which forbids the burial of deliberate and wilful suicides in consecrated ground. In those days, all Europe was either Jewish, infidel, or Christian; and the term Christian was synonymous with Catholic, for none of the many modern Christian sects had as yet been born. The sexton's opponent appeals in turn to the verdict of the "crowner." The coroner was originally a royal official whose duty was to secure the property of suicides in forfeiture to the crown. His verdict was, as is evident from the text, that Ophelia, like any other Catholic in good standing with the Church, was entitled to Christian burial, either because her death was accidental, or, if wilful and deliberate, was due to her insanity: and one bereft of reason is according to the teaching of the Church, incapable of moral guilt in the violation of the Almighty's "canon against self-slaughter."

Traduction grace au site Reverso

La scène s'ouvre avec un dialogue entre deux fossoyeurs, qui avec des bêches(piques) entrent dans un cimetière pour faire une tombe pour Ophelia. La conversation de ces clowns, celui un sacristain et l'autre, un manœuvre commun, est remplie d'un esprit étrange qui ne manque jamais d'éveiller le plaisir et la gaieté. Incidemment(à propos) il révèle le génie diversifié du Poète, qui lui permet d'interpréter un rôle si naturellement de caractères(personnages) même grossiers et ignorants dans leurs habitudes particulières et modes de raisonnement. Le premier clown, riant dans la sagesse non enseignée à l'étude des philosophes, projette son esprit vif à presque chaque attaque(coup) de la bêche(du pique); mais, au-dessous de tout est perceptible une richesse(fortune) profonde et solennelle de signification. Quoique vieux, il est encore vigoureux et gras(hardi) de pensée et, dans le champ universel de jugement, formule les principes qui peuvent ou ne pouvoir pas justifier le suicide. Dans des mots vantards il est fier de lui sur son propre métier et la dignité exaltée de son bureau(fonctions). Les œuvres(travaux) d'autres hommes, si de pierre ou le fer sont tous sûr pour s'effondrer sous la main de dévastation de temps; mais les édifices modestes qu'il construit, au mépris des tempêtes d'âges, resteront intacts jusqu'au jour de perte générale. Sa philosophie raisonnable lui permet de percevoir la différence entre la substance et l'accident, entre les distinctions réelles(vraies) et artificielles de vie sociale; pour quotidien il voit exposé avant ses yeux le fait que tous ont d'Adam le même brevet commun de noblesse.

Le dialogue commence par une discussion concernant la justice de selon l'enterrement d'Ophelia Christian. Supposant qu'elle ait délibérément(obstinément) cherché son propre destin, ou la perte, le sacristain fait appel(séduit) le canon de l'Église qui interdit l'enterrement de suicides délibérés et délibérés(obstinés) dans la raison(terre) consacrée. À cette époque, toute l'Europe était juive, infidèle, ou le Chrétien; et le Chrétien de terme était synonyme avec le Catholique, pour aucune des nombreuses sectes Chrétiennes modernes n'avait encore été né. L'adversaire du sacristain fait appel(séduit) à son tour le verdict du "crowner". Le médecin légiste était à l'origine un officiel(fonctionnaire) royal dont le devoir(droit) était de garantir(sécuriser) la propriété de suicides dans la déchéance(confiscation) à la couronne. Son verdict était, comme est évident du texte, qu'Ophelia, comme un autre Catholique en règle(très estimé) avec l'Église, avait droit à l'enterrement Chrétien, parce que sa mort était accidentelle, ou, si délibérée(obstinée) et délibérée, a été dû à sa folie : et un privé de raison est selon l'enseignement de l'Église, incapable de culpabilité morale dans la violation d'Almighty "le canon contre le suicide."


Vous pouvez également consulter cet article sur « L’évolution des cimetières » de Daniel Ligou dans les Archives des sciences sociales des religions (Année 1975, Volume 39, Numéro 39, pp. 61-77 )

Pour finir, la réponse apportée à votre précédente question intitulée Retrait en prière - Hamlet du 23 janvier 2013 comporte une bibliographie utile sur Shakespeare et son œuvre.


Question au guichetdusavoir du 23 janvier 2013 sur le retrait en prière d’Hamlet

Bonjour,

J'ai une deuxième question à vous poser, à propos du Hamlet de Shakespeare.

Mes explorations sur le thème du matricide dans la pièce me conduisent à m'interroger sur la possibilité d'un sens historique (politique, religieux, guerrier ou autre) qui m'échapperait dans le fait que Hamlet après sa rencontre avec le spectre de son père demande aux gardes et à Horatio de vaquer à leurs affaires pendant que lui va se retirer en prière.

Horatio lui repond que ce sont des "paroles extravagantes et frénétiques". Pourquoi, par ces propos, Hamlet aurait-il offensé Horatio?

Est-ce une attitude réservée aux chevaliers lorsqu'ils partent en guerre, par exemple? Est-ce une question de religion contre-institutionnelle (catholicisme contre protestantisme)? Je dis n'importe quoi, mais je cherche à savoir s'il pourrait y avoir une raison historique liée à l'époque élisabéthaine.

Si vous le pouvez merci d'éclairer ma lanterne.
Sylvain


Réponse du GDS le 26 janvier 2013

La réponse du Département langues et littératures

Bonjour,

Compte tenu de la spécificité et complexité de votre question, qui en comporte en réalité plusieurs, nous ne vous ferons pas l’affront de vous proposer les classiques profils de l’œuvre.

Parmi les bibliothécaires qui répondent aux questions du Guichet du savoir, nous n’avons malheureusement pas de spécialiste de Shakespeare et encore moins de Hamlet, pas plus que de titulaires de thèses sur le sujet.

Afin de ne pas engendrer de frustration de votre part, nous avons cependant mené des recherches, diverses et variées, et vous proposons quelques pistes qui, nous l’espérons, pourront éclairer votre… lanterne, en regard de l’exigence de votre interrogation.

Was the character hamlet protestant or catholic?

Hamlet thesis statement

International Shakespeare Association

Shakespeare Birthplace trust

Le catalogue SUDOC vous propose de nombreuses thèses sur Hamlet

Vous avez la possibilité d’interroger ces sites grace aux FAQs ( frequently asked questions)

Nous vous proposons également quelques références livresques :

Enquête sur Hamlet : le dialogue de sourds, Pierre Bayard

LACAN s’est aussi intéressé au personnage d’Hamlet Le désir et son interprétation

L’article de Francis Guinle dans les cahiers de la Villa Gillet à Lyon, 2, Hamlet et quelques conventions du théâtre élisabéthain

Hamlet de Pavel A. Florenski

Cordialement.