HORATIO

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Duel: souricière 3

Pour m’imprégner de cette ambiance particulière qui règne autour d’un duel aux épées, je me suis rendu aux 4èmes masters de fleuret de Melun avec l’intention de rencontrer des maîtres d’armes susceptibles de répondre à des questions sur la pratique de l’escrime au début du 17ème siècle.

Si les fleurets de compétition d’aujourd’hui n’ont rien à voir avec les premiers apparus dans les années 1650, la façon dont ils sont mouchetés m’a conduit à interroger des personnes qualifiées sur la pratique à l’époque de Shakespeare. La réponse est sans équivoque : c’est comme le nez rouge d’un clown, il est impossible de ne pas s’apercevoir qu’une épée est démouchetée.

Voir le débat engagé à la rubrique Duel final : piège du spectateur

Ainsi, lorsque Claudius présente à Laërte le piège qui va être tendu à Hamlet au cours du duel final, on peut se demander pourquoi personne ne s’en aperçoit et/ou ne dit mot.
- Soit Shakespeare – et le metteur en scène avec lui – est libre de ses effets, et on oubli ce détail sous peine de faire passer la chose sur le dos des incohérences de la pièce ;
- Soit on y attache une véritable importance, et il faudra ériger ce duel au même rang que la souricière. La Cour, Gertrude, Osric, Horatio, sont impliqués jusqu’au cou dans cette folie meurtrière.

Hamlet lui même est présenté comme un excellent escrimeur. Il se laisse prendre au piège. Il est donc impossible d’évacuer la question de son suicide dans la pièce de Shakespeare. C’est jusqu’à l’implication du spectateur qui se trouve mise en cause. Le déni, les phénomènes projectifs sont le lot de tous les critiques qui se sont coltinés le sujet. Notamment, les psychanalystes, qui sont loin d’être les derniers à se laisser prendre au piège par cette fabuleuse machine à fantasmes qu’est le Hamlet de Shakespeare. Et en particulier :
- André Green et ses hypothèses sur le non-dit de la tragédie dans son Hamlet et Hamlet (ed. Balland, 1982) : Hamlet serait le fils de Claudius, Laërte et Ophélie sont les demi-frères et demi-sœur d’Hamlet, Ophélie était enceinte d’Hamlet.
- Pierre Bayard qui dans son dialogue de sourds (Enquête sur Hamlet, ed. de Minuit, 2002) n’hésite pas à émettre l’hypothèse qu’Hamlet, ayant surpris Ophélie dans le lit de son père, en est lui-même le meurtrier.

Les deux auteurs cités se dédouanes dans leurs essais en arguant que le propos n’engage qu’eux. Sauf qu’ils sont censés parler d’une posture de psychanalystes (médecins de l’âme) qu’ils engagent toute une profession et que leurs hypothèses s’appuient sur des théories :
- le complexe d’Œdipe pour l’école freudienne
- le complexe de Castration pour l’école lacanienne

Il est inquiétant qu’une flopée de psy explique la procrastination d’Hamlet par le complexe d’Œdipe chez un heros de fiction quand le retard de l’action (de tuer Claudius) est un effet voulu par Shakespeare. Si la pièce de Shakespeare a la même aura que la tragédie de Sophocle, ce n’est certainement pas parce qu’elle raconte la même histoire (tuer le père et violer la mère).

L’enjeu de cette pièce, la volonté de Shakespeare, sont à mon avis déterminés par la deuxième injonction du spectre, celle dont les psychanalystes font peu de cas justement. Dans la tragédie de Sophocle, l’oracle révèle à Œdipe son destin (tu tueras ton père et tu te marieras avec ta mère). Œdipe fuit croyant pouvoir y échapper.
Dans la tragique histoire du prince de Danemark, le spectre demande à Hamlet de tuer Claudius et de rien faire à Gertrude. L’énigme peut pourtant se résumer ainsi : Shakespeare tue Gertrude, fait porter le chapeau à Claudius et suicide son héros.

Plantons le décor

Dover Wilson aborde la question du duel, dès le retour d’Hamlet de son exile en Angleterre. « Si la maladie est le motif principal de l’ensemble de la pièce, c’est la mort qui domine le finale. » (Vous avez dit Hamlet ?, Aubier, 1988, p236). La scène s’ouvre sur un cimetière où des rustauds préparent les funérailles d’Ophélie, restreintes aux rites de suicidés. Si dans la note 13 (p309) JDW ne dit pas qu’Ophélie s’est effectivement suicidée, c’est pour dire que « c’est l’atmosphère et non le fait qui compte ». La question du suicide d’Ophélie mérite pourtant une réponse : comment est-on passé d’une mort accidentelle rapportée par Gertrude à un suicide dans le propos des deux rustres ? (voir rubrique ARGUMENTS : mort d’Ophélie)

JDW nous résume ainsi la fin de la pièce : « Le héros raconte avec fierté comment par son astuce deux hommes ont été promptement mis à mort (…) Ensuite il est à son tour entraîné dans un jeu d’adresse où on l’assassine par traîtrise avec une lame empoisonnée, après qu’il ait lui-même tué deux autres personnes, tandis qu’une quatrième se désaltère d’une coupe de poison mortelle. » (236-237)

On peut dire que JDW traite la question avec légèreté. Je vous aide à rétablir l’ordre des évènements : la reine s’empoisonne, Laërte blesse (mortellement) Hamlet. Avant de mourir Hamlet tue Laërte et Claudius.

JDW écrit alors que notre impression de soulagement dans cette danse macabre, tient en partie à l’attrait du duel d’escrime et au renouveau d’admiration pour le héros lui-même. « Hamlet rentre de voyage transformé, avec un air de maîtrise plus solide qu’à aucun autre moment de la pièce. On ne nous dit pas pourquoi ; mais nous pouvons imaginer, si ça nous chante, que le grand large l’a aidé à expulser « cette chose solidement ancrée dans son cœur », ou qu’il a pris de l’assurance en faisant sauter Rosencrantz et Guildenstern sur leur propre pétard, ou tout simplement que « la cause de son mal » s’atténue. » (p237-238) – soit sa mélancolie.

Hamlet rentre de « voyage ». L’air du grand large lui a fait du bien. Oublié (par JDW) l’implication de sa mère dans son éxil, l’élimination des R§G.
- De ce changement, nous dit JDW, nous sommes avertis (p238) par les lettres qu’il adresse à Horatio, au roi et à la reine – peut-être un petit pincement de lèvre quand ils liront les mots «à demain ».
- Toute pensée de suicide l’a quitté – même si la scène avec le crâne de Yoric est plutôt morbide.
- L’humeur bouffonne a complètement disparue ; il accueille Osric sans amertume – tout au plus un peu de mépris.
- Hamlet est redevenu un prince exemplaire, digne, calme, réfléchi, noble jusque dans le discours qu’il tient à Laërte avant le duel, et encore plus noble dans la mort (sic). Bon, il a peut-être un peu perdu son sang froid en voulant étrangler Laërte dans la tombe – s’il a piétiné le corps d’Ophélie, il ne l’a pas fait exprès – cette indifférence semble assez naturelle au regard de la scène de la galerie (note 16 qui renvoie au passage p239).

C’est vrai, faut le comprendre JDW, c’est Laërte qui est indécent. Certes il a perdu son père, sa sœur, mais il y avait une « fausseté déclamatoire » chez Laërte, méprisable au regard de la souffrance et de la noblesse de l’esprit torturé d’Hamlet (p241). « A mesure que nous le notons et que la reine nous remet en mémoire le trouble mental qui l’afflige, nous reconnaissons sa noblesse foncière et plaignons sa souffrance. Sa peine nous conduit même à excuser son rôle dans la mort d’Ophélie. La malheureuse est doublement enterrée ; dans le cimetière et dans l’esprit des spectateurs. »

C’est pas de sa faute à Hamlet. « Au contraire, Shakespeare nous montre que sans la traîtrise finale du duel avec Laërte et la fureur qu’elle déclenche, il n’aurait jamais tué le roi. » (p241) Mais heureusement il est accompagné d’une personne « lucide », Horatio, qui lui retourne cette réponse tranchante : le roi apprendra sous peu d’Angleterre, par deux émissaires, qu’elle est l’issue de cette affaire (le destin de Rosencrantz et Guildenstern).

Hamlet répond à Horatio que l’intervalle est à lui. J’ai l’air un cynique mais ni Horatio, ni JDW ne voient que Hamlet n’a pas attendu les nouvelles d’Angleterre et a fait prévenir de son retour par des lettres. La réaction ne se fait pas attendre. Claudius fait envoyer un premier courtisan, Osric pour annoncer le duel, puis un second, « à première vue totalement inutile », « mis là par Shakespeare pour laisser un bref intervalle entre la charge contre Osric et la solennité du moment qui suit la sortie de ce seigneur » (p243). Dans cet intervalle, JDW cite les propos médiumniques d’un héros condamné (sic). La citation d’un dictionnaire d’escrime aurait mieux valu ; lors d’un duel « l’offensé choisi deux témoins et les envoie à l’offenseur… » (cf http://www.synec-doc.be/escrime/dico/dico_escrime.html)

Horatio ne voit pas ! Parce qu’il est loin d’être le personnage neutre que l’on veut bien nous faire croire. Il a une lourde responsabilité dans la mort d’Ophélie. Seul son frère peut la délivrée de sa souffrance et venger son père ; mon frère le saura dit-elle. Elle meurt par accident, noyée parce qu’insensible à sa détresse. Si Horatio avait été là, comme le lui avait demandé la reine, elle aurait du être sauvée.

Pour ce qui est de ce duel, Horatio est là. Il est censé être son ami. Et il ne va rien faire pour arrêter ce duel truqué. L’une des épées est démouchetée ; ça se voit comme le pif au milieu du visage :
- Gertrude n’arrêtera pas le duel. Elle considère que son fils est fou : c’est dans le texte.
- Osric, (courtisan et/ou maître d’arme ?) n’arrêtera pas le duel : il est le seul à s’échapper quand Hamlet demande à ce que soit fermées les portes. Il revient avec Fortinbras.
- Horatio est aspiré par le pouvoir.

Le seul espoir de voir Horatio répondre de ses actes et que la vérité éclate, c’est :
- D’espérer que les anglais n’auront pas mis à exécution les ordonnances d’Hamlet ; et que Rosencrantz et Guildenstern sont au cachot.
- Retrouver la lettre que Hamlet a adressée à sa mère dès son retour d’Angleterre ;
- Demander à Osric ce que Fortinbras faisait dans les parages.

Description du duel

Car jusqu’à présent JDW s’est montré plutôt de mauvaise foi. Il reste son essai de restauration de la scène du duel dans le chapitre « Le héros aux abois » (p245-256). Pour le public shakespearien, écrit-il, le duel était un duel, rien de plus ; et les modes en matière de passes d’armes ont tellement changé depuis le début du 17ème siècle qu’il est difficile pour un escrimeur expert de dire comment jouer la scène.

JDW va donc chercher dans les ouvrages de nos plus anciens maîtres d’armes : Paradoxes of Defence de George Silver de 1599. Burbadge, acteur et fine lame de l’époque. Hotspur. Gravure de John Norden, cité de Londres, 1600. L’épéiste Alfred Hutton vers 1878.

Examinons les dialogues :

Le décor a été fixé et l’intrigue ourdie dès l’acte 4 scène 7, nous rappelle JDW. Le roi dit à Laërte que Hamlet est désireux de l’affronter au fleuret car il a entendu célébrer son adresse par un certain Lamord. Présenter les choses comme ça, s’est piéger Laërte parce que Hamlet, lui, s’attend à un piège. (Voir rubrique ARGUMENTS : Suicide d’Hamlet)

Claudius propose à Laërte de choisir « une épée tranchante ». « A sword unbated » a été traduit par Jean-Michel Déprats par « une épée démouchetée ». Les dictionnaires du net disent « not covered with a protective button ». JDW, en référence aux pratiques de l’époque, penche plutôt pour des épées dont le fil a été émoussé à la pierre ou martellée.

Osric présente la suite des enjeux à l’acte 5 scène 2 : « Le roi, monsieur, a parié, monsieur, qu’en douze assauts entre vous-même et Laërte, celui-ci ne marquerait pas trois touches de plus que vous. Il a parié sur douze assauts et non neuf, et le combat aurait lieu sur-le-champ si votre Seigneurie daignait répondre »…de sa personne.

Examinons le handicap :

JDW interprète comme suit (p247) :
- Nul besoin de faire tous les assauts d’un match convenu ;
- Le roi parie que Laërte ne pourra pas terminer le match avec trois touches d’avance.
- Ce passage exprimé par Osric indique que c’est Laërte qui mise sur douze assauts au lieu des neufs ordinaires (référence à George Silver pour ce dernier point) pour surmonter le handicap proposé par Claudius.

Si le handicap proposé par Claudius est « considérable », l’interprétation comme quoi, c’est Laërte qui fixe le nombre de touche me paraît tirée par les cheveux.

- Hamlet remporte les deux premiers assauts et fait match nul au troisième ;
- Il lui suffit d’en gagner encore deux et de faire encore une fois égalité pour que la partie soit terminée :
- Laërte ne pourrait pas finir avec trois de mieux s’il a quatre points contre lui et encore six à jouer.

Examinons les épées :

A l’époque où Shakespeare met en scène Hamlet, il existe trois jeux d’escrime (p247-248) :
- sabre-et-bouclier : combat démodé, le sabre court d’une main et un écu léger de l’autre ;
- rapière-seule : longue rapière dans la main droite et main gauche protégée par un crispin ou un gant de mailles pour parer les coups ou saisir la lame de l’adversaire ;
- dague-et-rapière (le choix de Laërte) : cette vogue était déjà dépassée lorsque le texte de la pièce fut imprimé en 1623. L’in-folio ne mentionne pas de dagues parmi les armes pour le duel, alors que le second in-quarto précise dagues et fleurets. Burbadge et son partenaire devaient employer l’une et l’autre dans la mise en scène originale, précise JDW.

JDW précise que ce fleuret ne ressemblait pas au fleuret moucheté par un bouton (gros comme une balle de ping-pong) de l’escrime moderne. L’usage des boutons ne s’est répandu qu’à la seconde moitié du 17ème siècle. Le fleuret était donc une arme de combat dont on émoussait le fil et la pointe. (ce n’est pas tout à fait exact : d’après Olivier Delannoy, les lames carrelées, armes de salle munies d’un bouton, existent depuis la fin du 16ème siècle – cf rubriques Duel final : piège du spectateur)

« En fait le plan de Laërte aurait été impossible s’il avait fallu employer des boutons ; c’est justement parce qu’il fallait l’examiner de près pour distinguer un « fleuret » d’une lame affilée qu’une « épée tranchante » pouvait passer « avec aise ou un peu d’embrouille » (p248). JDW, à cet instant soupçonne une complicité d’Osric du simple fait qu’il est l’émissaire envoyé par le roi et que c’est à lui que Laërte donne la réplique : « je suis justement tué par ma propre traîtrise ». Cette réplique, Laërte ne la donne pas plus à Osric qu’à Horatio. Et la complicité d’Osric peut être démontrée par un autre moyen : le simple fait qu’il sorte avant que soient refermées les portes sur la trahison (complice de Claudius mais aussi de Fortinbras).

JDW met du suspens là où il n’y en a pas besoin. Il suggère que Claudius donne un petit clin d’œil à Osric lorsqu’il lui demande de distribuer les fleurets. Il suggère que Claudius détourne l’attention d’Hamlet, « ce qui permet à Laërte de choisir le premier » (p249). Un droit (note 26) qu’il pourrait avoir acquis – sans certitude de JDW – du fait qu’il a à relever le défi. Non ! du fait qu’il est l’offensé ; car l’histoire nous dit que le défi, est à relever par Hamlet ! Toute l’entreprise de JDW consiste à annuler les effets déjà proposés par Shakespeare pour en proposer de moins dérangeants.

Le changement d’épée opéré par Laërte suffisait à attirer l’attention d’Hamlet et celle du public. JDW nous propose maintenant le point de vue de Granville-Barker (p249) : « Laërte ne se contente pas d’aller chercher son arme sur la table d’à côté, il l’enduit derechef de poison, en tournant le dos au public de la scène mais bien en vue des spectateurs de la salle. C’est une proposition très attrayante, non seulement pour son efficacité théâtrale mais parce qu’ainsi il ne subsisterait pas le moindre doute qu’il a maintenant en main « l’instrument de la trahison ». En d’autre terme JDW nous propose de substituer au duel entre un « simple d’esprit » et un gentleman, un duel entre Gentlemen (voir rubrique ARGUMENTS : La folie d’Hamlet).

Examinons la coupe empoisonnée :

Les adversaires se préparent. Ils doivent « enlever leur pourpoint et revêtir une cotte de mailles ou un plastron, ainsi qu’une espèce de calotte et des gantelets, qui constituaient l’attirail de protection ordinaire de l’escrimeur à cette époque. » (p249) Les assauts sont dangereux. JDW nous explique le double difficulté de Laërte : blesser Hamlet avec la pointe empoisonnée et maintenir un rythme soutenu pour l’obliger à boire la coupe empoisonnée.

Gertrude remarque que Hamlet est un peu essoufflé « et voyant que la transpiration commence à lui couler dans les yeux – ce qui peut gêner gravement un escrimeur – elle lui offre son mouchoir. En même temps, comme elle est près de la table où se trouve la coupe, elle lui offre pour étancher sa soif, après avoir elle-même bu à sa santé. Mais Hamlet est un athlète entraîné, il sait que boire tout en continuant à se dépenser ne peut que le faire transpirer davantage » (p251).

Pourtant, ce n’est pas tout à fait comme cela que les choses se déroulent. JDW passe sous silence le fait que Claudius arrête le bras de Gertrude avant qu’elle ne boive la coupe – de quoi glacer l’assistance de stupeur. Il pourrait à cet instant lui révéler la nature du breuvage. Mais JDW préfère nous décrire l’amour qu’il porte à sa femme : « Le roi regarde avec une douleur impuissante Gertrude vider la coupe de poison. Son attachement pour elle est sincère, c’est ce qu’il y a de mieux chez lui. » On sent que même si seuls Hamlet et sa mère venaient à mourir, il s’en remettrait.

Son jeune poulain est en mauvaise posture, il ne reste plus qu’à Laërte la lâcheté d’un coup bas. La vue du sang prouve à Hamlet que son adversaire a une épée affilée, poursuit JDW et il se résout à s’en emparer. Cet exploit va soulever des tonnerres d’applaudissements dans le publique du théâtre. « Claudius qui a tout vu fait une dernière tentative pour sauver son complice. « Séparez-les, ils sont déchaînés » crie-t-il aux juges. Mais Hamlet ne va pas se laisser jouer comme cela. Il contre le roi d’un ferme « non, en garde », et sans laisser à Osric le temps d’intervenir, il transperce son adversaire avec la pointe qui vient de le blesser. » (p252) En fait, le texte dit que la reine commence à chanceler. Horatio observe qu’ils saignent tout les deux, et demande à Hamlet comment il va. Osric fait la même chose auprès de Laërte ; il révèle la trahison.

« Il y a peut-être des détails inexacts ici ou là dans cette relation », poursuit JDW. A la lecture de la pièce, c’est le moins qu’on puisse dire; « mais je crois que c’était en gros la manière dont le duel se déroulait sur la scène du Globe en 1601. » Pour JDW « c’était un assaut d’armes livré par des escrimeurs experts devant un public informé, dont beaucoup étaient eux-mêmes escrimeurs, et tous entraînés depuis l’enfance à utiliser l’œil, la main, le poignet et le bras pour se défendre. » (p253) A propos du public, Henry Suhamy et Gisèle Guillo disent exactement l’inverse dans leur Profil d’une œuvre. Les indications de Shakespeare ne vont pas aussi loin.

« Pour la première fois depuis le début du drame, écrit JDW, les élisabéthains voyaient Hamlet occupé à combattre ses ennemis au lieu de parler ». Il expédie l’incestueux, le meurtrier, en lui mettant de force la coupe entre les dents, avec « ce dernier jeu de mots » : « va donc rejoindre ma mère » (p255) JDW aurait pu s’apercevoir qu’il y a là l’expression du désir inconscient d’Hamlet d’envoyer sa mère en enfer. Et s’il donne sa voix mourante au jeune Fortinbras, les danois ont-ils le choix ?

Tout dépendra de Horatio… Sachant que ça commence par un petit mensonge !

Écrit par horatio in love Lien permanent | Commentaires (0)

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