HORATIO

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Analyse Acte 5


L’acte 5 est l’acte des révélations et du dénouement

A la Scène 1 de ce dernier acte, nous sommes au cimetière où deux « rustres » sont en train de creuser un trou pour y enterrer Ophélie. Ils tombent sur des crânes, notamment celui de Yorick le bouffon du roi. S’agit-il d’une fosse commune ?

Alors qu’à la fin de l’acte 4, Gertrude entrait pour nous annoncer la mort accidentelle de la jeune fille, nous retrouvons les deux rustres en train de s’étonner de la conclusion du Coroner : sépulture chrétienne, alors qu’ils sont persuadés que la pauvre s’est suicidée par noyade.

La conversation entre les deux fossoyeurs nous montre que la couple royal a habilement manœuvré pour que la rumeur et le peuple concluent au suicide, conséquence de la folie d’Hamlet ; et leur conversation suivante montre que tout est question d’interprétation : Adam bêchait, donc il utilisait une arme, donc il était un gentilhomme.

Shakespeare va encore plus loin : le rustre qui doute qu’Ophélie puisse être enterrée en terre chrétienne, alors qu’elle s’est suicidée, et celui-là même qui pose les devinettes les plus solides qui soient : qui bâtit les demeures les plus solides ? Le fossoyeur, parce qu’elles durent jusqu’au jugement dernier ! Parmi les deux rustres, celui que Shakespeare appelle « l’autre » et qui creuse parce que le coroner a dit de creuser, est celui qui n’a pas la réponse à la devinette. Mais il sait une chose : « si ça n’avait pas été une demoiselle de la noblesse, elle n’aurait pas été enterrée en terre chrétienne ». Il y a bien donc eu intervention du couple royal.

Sur ces entrefaites, Hamlet et Horatio reviennent du port. Ils passent par le cimetière avant de rejoindre le château – à priori, pas pour qu’Hamlet puisse se recueillir sur la tombe de son père. Il s’agit plus probablement d’une manœuvre habile de Horatio. Car si Hamlet ne s’attend pas à tomber sur les obsèques d’Ophélie, Horatio lui, a de bonnes raisons de le lui apprendre sans attirer les soupçons sur sa personne et sa responsabilité. Horatio fait peu de cas des pitreries d’Hamlet qui joue avec les crânes que fait sauter le fossoyeur. Il semble plutôt surveiller l’arrivée de la procession – ça l’arrangerait si Hamlet pouvait apprendre la mort d’Ophélie par ce hasard.

En fait, c’est le spectateur qui va apprendre quelque chose à ses dépends. Car Hamlet est décidé à savoir à qui appartient cette tombe. Il aura pour première réponse : à celui qui est dedans, puis pour deuxième réponse : pas à un homme, pas à une femme, mais « à une qui fut femme, monsieur ». Shakespeare est tatillon ; « depuis 3 ans », nous dit Hamlet. Ils nous invitent à le devenir. « Vivant mensonge, monsieur, qui va vous revenir. »

« Depuis combien de temps es-tu fossoyeur ? » demande Hamlet. La réponse du rustre a de quoi ébranler le spectateur – le non-savoir d’Hamlet a de quoi ébranler son arbre généalogique : « Depuis le jour, de tous les jours de l’année, où notre feu roi Hamlet remporta la victoire sur Fortinbras. (…) C’est le jour où le jeune Hamlet est né : celui qui est fou et qu’on a envoyé en Angleterre. » Soit 30 ans.

Par un feedback intentionnel, nous repenserons aux propos de Horatio à la scène 1 de l’acte 1. Alors qu’il monte la garde avec Marcellus et Bernardo, et qu’ils viennent d’être sonnés par l’apparition, il répond aux questions des deux soldats :
- Pourquoi le spectre apparaît-il en armure ?
- Et pourquoi ces veilles strictes et rigoureuses, ces importations de matériel de guerre ?

D’une part, « telle était l’armure qu’il portait lorsqu’il combattit l’ambitieux Norvège. »

D’autre part, si l’état du Danemark aujourd’hui coule des canons, c’est parce que le jeune Fortinbras, neveu du roi Norvège, réclame « la restitution de ces territoires que son père à perdus, selon les clauses du contrat, au bénéfice de notre vaillant frère », explique Claudius lors du Conseil (Acte 1, scène 2).

Quel était ce contrat ? Horatio le connaît et l’explique à ses compagnons de garde, Marcellus et Bernardo (acte 1 scène 1) : « Du moins voici ce qu’on chuchote : notre défunt roi, dont l’image à l’instant vient de nous apparaître, fut vous le savez, par Fortinbras de Norvège, qu’aiguillonnait l’orgueil le plus jaloux, défié en un combat, au cours duquel notre vaillant Hamlet (ainsi l’estimait-on de ce côté du monde connu) tua ce Fortinbras, qui, par un contrat scellé garanti par la loi et les règles de la chevalerie abandonnait avec sa vie, toutes les terres qu’il possédait à son vainqueur. »

En d’autres termes, pendant que le roi belliqueux Hamlet était en campagne contre Norvège, Fortinbras père forniquait avec Gertrude. C’est probablement cette tromperie de Gertrude qui est à l’origine du duel mortel entre Hamlet père et Fortinbras père, au profit du Danemark.

Et si neuf mois plus tard naissait un jeune Prince, Hamlet, que le non-dit des origines douteuses allait rendre fou. Et si une fois Hamlet père évincé par son frère Claudius, Fortinbras fils décidait d’en découdre avec son demi-frère Hamlet. Cela n’expliquerait-il pas qu’Hamlet donne sa voix mourante à Fortinbras à la fin de la pièce ? Nous allons bientôt expliquer comment Shakespeare rétablit cet héritage.

En attendant, voici que les fossoyeurs font des révélations plus dangereuses que celles du spectre lui-même. La vérité sort des entrailles de la terre au fur et à mesure que les deux rustres délogent les cadavres. Hamlet va interdire tout rapprochement possible en interrogeant le rustre sur son savoir : et pourquoi avoir envoyé ce fou d’Hamlet en Angleterre ? Il obtiendra pour réponse : Là-bas, ils sont tous fous, ça ne se verra pas. Puis c’est au tour du rustre de créer la diversion en jetant dans les mains d’Hamlet le crâne de Yorick, le bouffon du roi, mort à 23 ans et qui a fait sauter Hamlet sur ses genoux jusqu’à ses 7 ans, donc.

Hamlet médite alors sur le devenir du grand Alexandre, changé en glaise, quand arrive la procession. Il comprend tout de suite en voyant « les rites tronqués » qu’il s’agit d’une personne de haut rang qui a mis fin à ses jours. En écoutant Laërte réclamer désespérément des prières pour sa sœur auprès du prêtre, Hamlet comprend qu’il s’agit d’Ophélie. Il voit alors sa mère regretter hypocritement d’avoir à fleurir sa tombe alors qu’elle aurait préférer parer son lit nuptial.

C’est quand Laërte saute dans la tombe de sa sœur bien aimée pour l’étreindre une dernière fois, réclamant qu’un triple malheur s’abatte sur la tête du responsable de l’acte criminel, qu’Hamlet hurle « Me voici, moi, Hamlet le Danois. » Comment Laërte peut-il en arriver à piétiner le corps de sa sœur, alors qu’il a, en perdant deux êtres chers, toutes les raisons du monde de se venger et de s’emparer du pouvoir au Danemark. « Viens-tu ici pour geindre, pour me narguer en sautant dans sa tombe ? (…) Que ferais-tu pour elle, lui demande-t-il ? » Mais c’est le roi qui répond, et ravive sa mémoire : « O ! il est fou, Laërte. »

La reine est plus subtile. Alors qu’il est empoigné par Laërte, Hamlet vient de dire qu’il veut se battre avec lui « sur ce thème jusqu’à ce que mes paupières ne bougent plus. » La reine veut savoir de quoi il parle. Alors qu’à cet instant, il faut aussi se demander à qui il parle. Sa réponse s’adresse plus à Laërte qu’à sa mère qui ne cherche que l’assurance qu’elle n’est pas démasquée. Ce « J’aimais Ophélie » fait écho aux larmes menteuse de la reine. Hamlet est redevenu inoffensif. « Pour l’amour de Dieu, laissez-le », demande Gertrude. Si elle est capable de verser des larmes de crocodile, pourquoi ne pas le laisser « manger un crocodile ? » « C’est là pure folie, et la crise va le travailler ainsi un moment. Bientôt, patient comme la colombe quand sa couvée dorée vient d’éclore, il restera assis, silencieux et prostré. »

Avant de sortir, Hamlet demande « Pourquoi me traitez-vous de la sorte ? » Mais cette question, il la pose à Laërte, parce que la réponse de sa mère, il la connaît.

Avant que les derniers acteurs ne sortent, Claudius donne ses trois dernières consignes :
- A Horatio, il demande de suivre Hamlet. Horatio sort mais quand on sait avec quelle désinvolture il a protégé Ophélie, nous savons qu’il n’a pas de raisons d’inquiéter le couple royal.

- A Laërte, il demande de patienter, « à propos d’hier soir, nous mettrons sur le champ cette affaire à l’épreuve. »
- A Gertrude, Claudius demande de faire surveiller son fils. Gertrude a une entière confiance en lui et n’a pas de raison de s’inquiéter quant à cette « affaire d’hier soir ». Claudius a déjà orchestré le meurtre de son premier mari.

- Une dernière chose, demande Claudius : « Je veux sur cette tombe un monument durable ». Il ne faudrait tout de même pas que certaines choses transparaissent.

La dernière scène, la scène 2 de l’acte 5, s’ouvre sur une discussion énigmatique, à propos du point 1. L’entrée en matière du point 2 est moins énigmatique. Hamlet fait allusion à « nos desseins calculés qui avortent ». Il a bien conscience que la souricière a échoué. Heureusement, dit-il, « il y a une divinité pour donner forme aux projets que nous ne faisons qu’ébaucher… » Et il explique à Horatio comment « sans réfléchir… (…) Je soustrais le paquet et pour finir je retourne dans ma cabine, et m’enhardis, (…) à décacheter leur ordre de mission » pour découvrir l’ordre formel de lui trancher la tête. Hamlet donne à Horatio l’ordre de mission original et lui explique comment il a pu le remplacer par une fausse injonction royale : l’ordre de mise à mort de Guildenstern et Rosencrantz sans autre forme de procès ni même de confession.

« Ainsi Guildenstern et Rosencrantz y passent », s’exclame Horatio. Il ne fait alors aucun doute : il valait mieux qu’il s’abstienne de tout jugement à la réception de la lettre d’Hamlet l’avertissant de son retour ; il valait mieux que les lettres parviennent au roi comme il le lui demandait et qu’il le retrouve – la lettre dit « aussi vite que si tu fuyais la mort » (toujours les menaces).

Horatio n’a pas à avoir de remords, Hamlet lui explique qu’ils ont « courtisé cet emploi » et qu’il est dangereux de s’interposer entre « deux puissants ennemis ». Horatio n’a d’autre choix que d’épouser le point de vue d’Hamlet : « Mais, quel roi est-ce là ! (…) Il apprendra bien vite d’Angleterre qu’elle est l’issue de cette affaire. »

« Bien vite. Mais l’intervalle est à moi. Et la vie d’un homme n’est que le temps de dire un », répond Hamlet. Nous spectateurs, nous n’aurons pas le temps de penser qu’Hamlet n’a pas attendu la réponse de l’Angleterre pour prendre les devant et faire parvenir au roi deux lettres par l’intermédiaire de Horatio…

…Que déjà, « une mouche de coche », le jeune Osric embarrassé de son chapeau entre en scène. Mais son embarras ne semble pas venir que de là. Il a la lourde tâche de faire passer un duel sportif, pour ce qui devrait être un duel d’honneur. Voici l’affaire :
- « Sa majesté m’a prié de vous signifier qu’elle a misé un enjeu important sur votre tête. »
- « Monsieur, Laërte est depuis peu de retour à la Cour. »

Non ! sans blague. Mais avec qui donc Hamlet était-il en train de s’étriper dans une tombe, devant un parterre de Seigneurs venus assister à l’enterrement. Osric est bien le seul à « n’être pas sans savoir ». On comprend qu’il s’amuse sur le port du chapeau, ou le port du canon à la ceinture grâce aux « suspensoirs », lui, Hamlet, dont la tête vient enfin d’être mise à prix. La tête d’Hamlet vaut pour le roi, si chevaux de Barbarie, contre six rapières et poignards français pour Laërte.

Mais le grandguignolesque du duel d’escrime qui lui est proposé est encore à venir. Le roi a parié qu’en une douzaine d’assauts, Laërte ne le dépasserait pas de trois touches. Laërte a même surenchérit : il le dépassera de neuf touches – sur douze passes, ça fait un peu beaucoup. C’est dire si le roi lui a monté le bourrichon. C’est dire si Laërte ne se prend pas pour un grand Seigneur rompu aux arts de la guerre.

« Et le combat aurait lieu sur le champ si votre Seigneurie daignait répondre » précise Osric. On comprend mieux la réponse d’Hamlet : « et si je répondait non ? » quand on connaît les codes du duel :
- l’art du duel s’est d’éviter le duel ;
- et surtout : refuser le duel si l’adversaire n’est pas à sa hauteur.

Pas de doute sur les augures, arrive comme un deuxième témoin de l’offensé, un Seigneur chargé de prévenir que le roi, la reine et la Cour descendent. La reine demande à ce qu’il réserve à Laërte un accueil courtois. Qu’à cela ne tienne, elle va être servie.

Horatio interpelle Hamlet, car il risque de perdre. Hamlet n’est pas inquiet de ce côté là, il gagnera grâce au handicap. Mais il ressent de l’angoisse « là autour du cœur, mais peu importe. ». Si son heure est venue, c’est qu’elle n’est pas à venir…

***

Tout est prêt, le duel final va pouvoir commencer. Trois adversaires vont devoir s’affronter. Hamlet le sait. Le roi prend les mains des deux adversaires pour les réunir. Hamlet demande son pardon à Laërte : « je suis affligé d’un cruel égarement. Ce que j’ai fait (…) je le proclame ici folie. (…) Hamlet est au nombre des offensés, sa folie est du pauvre Hamlet l’ennemie. »

L’échange est courtois à souhait : « Je prends pour amitié votre offre d’amitié et ne l’offenserait pas. » « Mais sur le point de l’honneur, il s’abstient, et ne désire pas de réconciliation, tant que les arbitres n’auront pas prononcé de sentence de paix.
Chacun réclame les fleurets. Et Hamlet commence les provocations par un mot d’esprit des plus douteux : « je serais votre fourreau » et votre habileté à ranger votre épée brillera comme une étoile dans la nuit noire.

Laërte est piqué au vif. Il faut l’intervention du roi pour détourner les deux adversaires de leur haine viscérale. « Donnez-leur les fleurets, jeune Osric. Neveu Hamlet, vous connaissez l’enjeu ? » Pardi ! s’il le connaît : « Votre grâce soutient le camp le plus faible. » Les réactions ne se font pas attendre. Les adversaires trahissent leurs intentions :
- Le roi : « Je ne crains rien ; je vous ai vus tous deux, mais puisqu’on le dit meilleurs, nous avons équilibrés les chances ».
- Laërte : « Celle-ci est trop lourde ; voyons une autre. »

Le roi vient de trahir sa connaissance du jeu des deux duellistes. Laërte trahit Claudius en montrant d’où viendra le danger. Et lorsque Hamlet demande à Osric si les fleurets ont tous la même longueur, c’est pour mieux vérifier qu’il a traîtrise du maître d’arme.

Ils se préparent à engager le combat. En croisant le fer, Hamlet observe la pointe de l’épée de son adversaire… Mais il reste un problème pour Shakespeare, comment rappeler à son public qu’un deuxième piège est en place et que Hamlet se trompe sur celui qui lui est réservé. Claudius interrompt alors l’engagement et prévient qu’à chaque touche d’Hamlet, il boira à sa santé et jettera dans la coupe de vin une perle d’un prix jamais égalé jusqu’à ce jour au Danemark.

La première passe à lieu. Hamlet porte la première touche. La logique voudrait que Claudius boive en l’honneur d’Hamlet. D’ailleurs Laërte s’apprête à relancer. Mais le roi interrompt de nouveau. A-t-il peur que son plan avorte ? Il propose à Hamlet de boire dès à présent. Mais Hamlet n’a pas soif : « Je jouerais cet assaut d’abord. Posez-la pour l’instant. En garde. Une autre touche. Qu’en dites-vous ? »

Pas besoin du jugement pour cette seconde touche. Laërte est bien obligé de concéder. Il n’a pas eu le temps de réagir : déconcentré par Claudius et désarçonné par la vivacité d’Hamlet.

Au regard des enjeux fixés par le roi, Hamlet est en passe de gagner. La reine intervient pour essuyer le front d’Hamlet et l’inciter à boire la coupe empoisonnée. Elle prend la coupe qu’elle croit être celle inoffensive ; mais Claudius a tourné le plateau. Il lui crie : « Gertrude, ne buvez pas. » L’assistance est médusée. Alors que tous s’attendent à voir mourir Hamlet, ils voient la reine boire la coupe empoisonnée.

Laërte et Claudius sont sous le choc. Laërte prévient qu’il va toucher Hamlet : « Cela va presque contre ma conscience ». Claudius, qui connaît le niveau des deux adversaires, n’y croît pas une seconde. D’ailleurs Hamlet est obligé de provoquer pour déclancher le mécanisme du piège que Laërte tient dans la main : « De grâce, allez-y plus violemment. Je crains que vous ne me traitiez comme un enfant gâté. » Il se battent. Laërte blesse Hamlet de sa lame empoisonnée. Osric est démasqué à la vue du sang. Il nie la touche : « Rien de part et d’autre. » Mais Laërte n’est pas dupe, il n’a pas attendu la mise en garde et sait que son attaque n’est pas correcte ; il est obligé d’arbitrer et de redonner la priorité à Hamlet : « A vous maintenant ! » Dans le corps à corps, ils échangent leurs rapières. Le roi demande à ce qu’on les sépare. Hamlet veut poursuivre le combat. C’est la confusion générale. Osric ne se préoccupe plus de l’arbitrage mais de la reine qui est chancelante.

Horatio qui s’attend aux pires félonies demande à Hamlet si ça va. Osric qui comprend que Laërte vient d’être blessé par la pointe empoisonnée, demande si ça va. Mais rien ne va plus. Faites vos jeux : le noir sort, un père trépasse. Car Shakespeare rejoue les conséquences d’un duel vieux de 30 ans.

Et la mère ? demande Hamlet. Le roi s’enfonce dans le mensonge : « Elle s’est évanouie à la vue de leur sang » La reine n’accuse pas Claudius mais le vin : « Le vin, le vin, je suis empoisonnée. » Hamlet ne peut crier vengeance, car c’est une tragédie de la trahison : « Ô infamie ! Ho Verrouillez les portes ! Trahison, démasquez-la. »

Avant que les portes ne se referment Osric le traître, le complice, sort. Laërte désigne l’arme de la trahison, « dans ta main, démouchetée et envenimée ». Le coupable est tout désigné, c’est le roi. C’est à cet instant que le public devrait réclamer la vengeance. Mais non. « Alors venin, à l’œuvre. » dit Hamlet qui blesse le roi. Le roi est mort, il n’en a plus pour longtemps. Pourtant le public crie : « Trahison, trahison ! » Qu’est-ce qu’il veut de plus. « Je ne suis que blessé », dit le roi. Alors Hamlet prend la coupe pour la lui faire boire : « Finis cette potion. Ta perle y est-elle ? Suis ma mère. »

Hamlet a pris soin de vérifier qu’il s’agissait bien de la bonne coupe et n’a pas fait l’erreur de sa stupide mère qui s’est donnée la mort par inadvertance. Hamlet à beau dire : « Malheureuse reine adieu ! » les mots, les mots, les mots sont là : à Claudius qu’il vient d’envoyer en enfer, il dit « suis ma mère ».

Horatio n’a qu’une envie lui aussi, en finir. Il a été pris au piège du désir d’Hamlet et de sa haine viscérale pour sa mère. Hamlet le conjure : « rapporte droitement mon action et ma cause à ceux qui doutent ». La posture pour Horatio est intenable. Il veut boire la coupe. Il n’en aura pas le temps. L’histoire en marche revient avec Osric qui annonce l’arrivée de Fortinbras et de deux ambassadeurs venus d’Angleterre.

Hamlet n’aura pas le temps d’entendre les nouvelles d’Angleterre, « mais je puis prédire, dit-il, que l’élection retombera sur Fortinbras. Il a ma voix mourante. »

Fortinbras, suivi des ambassadeurs fait une entrée fracassante, à la recherche de « ce spectacle ». Les ambassadeurs annoncent que le commandement est exécuté. « De tout cela je peux vous révéler la vérité », explique Horatio. A propos de Rosencrantz et Guildenstern, Hamlet « n’a jamais ordonné leur mort » ; ça commence plutôt mal. Mais Horatio préfère assurer ses arrières et si les Anglais feintaient. « Agissons sans tarder, tant que les esprits sont en effervescence, de peur que de nouveaux malheurs ne viennent s’ajouter à ces complots et ces méprises. »

Shakespeare lui-même, avait-il envisagé d’écrire la suite ? Aujourd’hui, il l’aurait fait sans aucun doute.

Écrit par horatio in love Lien permanent | Commentaires (0)

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